Quelque part ailleurs

Quelque part ailleurs

Ce matin l’abri du train ressemble à une chrysalide. On est
là, tous debout, le nez à la neige. Quelque chose se passe … comme une lente
évolution. Une transformation qui serait en chemin.

Chacun écoute les pas du nouvel arrivant effleurer le sol.
Sommes-nous tous présents ?

On se salue. Rituel sincère et peu glacé, malgré l’air
ambiant. Souvent, ce sont là nos premiers mots de la journée, nos premiers
visages.

On ne se connaît pas ou si peu, mais il serait inquiétant
que l’un d’entre nous manque à l’appel un jour d’intempéries. Alors c’est sûr
que chacun guette l’arrivée de la petite dame qui n’a pas d’âge et habite au
beau milieu de la plaine. Elle se déplace toujours sur une espèce de vieux
vélo. Il n’a pas d’âge non plus.

Sur le parking trompeur, je parviens à vaincre l’asphalte
glissant. En vain j’ai cherché les bandes de stationnement. La neige en douceur
bouscule tes repères.

Le train arrive et me tourbillonne immaculée. Pluie de
cristaux. Bien au chaud derrière ma vitre, je me demanderai si je ne viens pas
de glisser sur le quai 9 3/4. Il y a quelque chose de la campagne de
Poudlard dans les paysages que nous traversons. Spectacle d’une autre époque. La
neige efface les traces du temps.

Seuls les éclairs bleu électrique strient ma route, y
gravant à jamais la magie discrète de cette première neige.

2 réflexions sur « Quelque part ailleurs »

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