Ecrire à la manière de … Qui prend la suite ?

Ecrire à la manière de … Qui prend la suite ?

Merci à Claire et à Tiuscha qui ont si brillamment ouvert le bal d’un exercice littéraire de haute volée ! Mais il m’était difficile d’écrire à la manière de l’une de vous, tant votre style est unique !

Je me suis donc inspirée de deux de mes passions encore inavouées  : la cuisine indienne et Le Rouge et le Noir

Pourquoi ne pas oser une rencontre ? Celle que je plagie sur un mode culinaire est l’une des plus célèbres de la littérature du XIXème, l’une de mes préférées. Mais pour un véritable exercice de style, je vous invite encore à vous procurer l’excellente Soupe de Kafka, dont je parle ici !

Aussi aujourd’hui ai-je le plaisir de vous présenter mon …

      

Poulet tikka à la mode stendhalienne !

 

« Avec la
blancheur et la grâce qui leur étaient naturelles quand elles étaient loin du
regard des cuisiniers, quatre
escalopes de poulet
sortaient par la porte du réfrigérateur qui donnait sur
l’ aile gauche du jardin, quand elles aperçurent près de la porte d’entrée
trois yaourts au lait entier et dix centilitres de crème fraîche liquide. Ils
étaient en chemise bien blanche et portaient sous le bras une veste en ratine
citron, du jus de l’un de ces fruits que l’on venait de presser pour eux.

 

Le teint de ce
mélange crémeux était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu
romanesque de nos quatre escalopes eut d’abord l’idée que ce pouvait être un
mortier déguisé, qui venait demander quelque travail de réflexion. Elles eurent pitié de cette pauvre préparation, arrêtée à la porte
d’entrée, et qui, évidemment, n’osait pas lever la pâte.

_ Que
voulez-vous ici messieurs ?

 

Les trois
yaourts se tournèrent vivement et, frappés du regard si rempli de grâce de nos
quatre escalopes, ils oublièrent une partie de leur timidité. Bientôt, étonnés
de leur beauté, ils oublièrent tout, même ce qu’ils venaient faire. Nos quatre
escalopes répétèrent leur question.

 

_ Nous venons
pour la marinade, mesdames, leur dirent-ils, tout honteux de leur gaucherie

En effet, les
attendaient sur le plan de travail :

    1 c. à café de
garam massala

           50 grammes de
noix de cajou mixées

           2 gousses
d’ail râpées

                 1 pincée de safran

           1 pincée de
sel

           1 c. à soupe
d’huile d’olive

 

Les escalopes
restèrent interdites, ils étaient fort près les uns des autres à se regarder.
Nos trois bulgares n’avaient jamais vu de filets de poulet aussi bien vêtus et
surtout avec un teint aussi éblouissant leur parler d’un air doux. Bientôt les
escalopes se mirent à rire avec toute la beauté folle des jeunes volailles, elles
se moquaient d’elles-mêmes et ne pouvaient se figurer tout leur bonheur.

 

Dans un plat
creux, les escalopes en dès se laissèrent enrober dans cette marinade. Un film
alimentaire suivit toute cette aventure qui ne dura pas moins de trois heures,
au réfrigérateur.

 

Dans un four
thermostat 220, bien égouttés, les dés de poulet furent grillés 5 à 10 minutes,
selon votre goût.

 

     Pour se
consoler, une moitié de la marinade accepta de se laisser mixer avec une bonne
c. à café de poudre de tandoori. Ainsi, elle devint sauce.

 

     On servit le
tout avec un riz Basmati. »

DSC04115

D’après Le Rouge et le Noir, Stendhal, Livre I, chapitre 6.

  Bien sûr, cher lecteur, le défi reste ouvert : à votre tour désormais de le relever ! Version bloggeuse, littéraire ou issue d’un autre genre … A qui la suite ?!

9 réflexions sur « Ecrire à la manière de … Qui prend la suite ? »

  1. Je suis transportée et bluffée, tu manies la plume et notre belle langue française avec un brio qui me charme toujours… J’ai beaucoup aimé « Le rouge et le noir » lorsque je l’ai lu il y a quelques années, même si la fin sinistre m’avait un peu impressionnée! Bravo pour cet exercice de style très réussi!

  2. bravo
    quelle jolie plume !
    il faudrait également essayer à la mode rabelais dans Gargantua…mais cela doit être difficule dans le vieux « françois » !

  3. Vraiment très agréable ce type de billet ! On peut encore continuer avec d’autres auteurs…
    PS le livre de Kafka dans le genre est un très bon (de très bons devrais-je dire) pastiche !
    Merci Tara pour cet agréable moment..

  4. Il y a peu a ajouter a tous ces eloges justifies! Bravo et quelle charmante idee! Je ne dispose pas d’assez de references litteraires pres de moi, ni meme de talent, pour oser me mesurer a des « ecrivains culinaires » tels que Claire, Tiuscha et toi! Bisous.

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