Pousser grand-mère dans les orties
Si l’on se souvient longtemps de la morsure de l’ortie, sans doute est-il temps de lui reconnaître d’autres « qualités ». Certains auteurs s’y emploient de plus en plus, rendant à cette désaimée des jardins et talus, les lettres de noblesse qui lui reviennent.
C’est que dès l’antiquité, l’ortie occupait une place de choix dans les traités de médecine, qui lui prêtaient, entre autres, des vertus contre les maladies de la peau, les douleurs menstruelles ou urinaires. Elle était également censée lutter contre les rhumatismes, la goutte et les dysfonctionnements hépatiques.
Quant à Hippocrate, il en recommandait l’usage pour la purification du corps et de l’esprit. Aujourd’hui encore, on loue les vertus dépuratives de cette messagère du printemps
Au Moyen-Age, changement de programme : l’ortie se déchaîne et on la dote même de vertus aphrodisiaques, quand elle ne sert pas à se protéger des sorcières …
Plus concrètement, on tirait de ses tiges une fibre extrêmement fine, nommée « lin des pauvres » et dont on faisait des sacs pour la farine ou le blé, des voiles et autres cordelettes.
Enfin, lors des disettes, elle combla nombre de générations, qui surent voir en elle une alliée comestible. Certes, il fallut apprendre à dompter son acreté, mais en le jeu en valait la chandelle.
De nos jours on retrouve sa fibre exceptionnelle chez les artisans fromagers, qui l’utilisent afin d’égoutter le lait caillé. On nomme cette fine toile : étamine. Ainsi égoutté, le fromage bénéficie, dit-on, des qualités antiseptiques de l’ortie.
Les jardiniers vous parleront mieux que moi des bienfaits du purin d’ortie, excellent engrais naturel et repulsif hors pair contre les pucerons (Certes, à l’odeur, on comprend pourquoi)
Quant à certains papillons : paon du jour, vulcain, petite tortue … ils ne survivraient pas sans l’ortie. Alors cessons de la massacrer et laissons-lui un petit coin de tetre humide et fertile au fond de nos jardins.
Les espèces les plus communes sont l’Urtica Dioica, ou grande ortie, pouvant atteindre 1 mètre et Urtica Urens, bien connue en homéopathie, qui ne dépassera pas les 50 centimètres.
Comment soulager une démangeaison due à l’ortie ? En promenade, difficile d’avoir du vinaigre sous la main. Un peu de salive peut vous soulager (tout dépend de l’étendue des démangeaisons) ou, si vous connaissez cette herbe, pensez à vous frotter d’une feuille de plantain. Clin d’oeil de la nature, il pousse souvent près des orties. Si votre cuisine n’est pas très loin, un peu de vinaigre sera le bienvenu.
Enfin, quoique ses vertus officinales ne soient plus à vanter, évitez toute préparation à base d’ortie en cas de rétention d’eau et faites fi de cette ancienne coutume censée favoriser la circulation sanguine, qui consiste à s’en flageller : il y a mieux, tout de même, dans le genre …
Bientôt je vous parlerai de ma tarte aux orties maison : testée et validée ces jours derniers :
Je n’en suis pas peu fière …
Source : Esprit d’ici, magazine de l’art de vivre en région, numéro 1, Mars-avril 2012, pages 66-69
One thought on “Pousser grand-mère dans les orties”
C’est bien de lui refaire une belle réputation à cette pauvre ortie!…